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D'où vient le niveau de référence à 85dB ?

Les techniques du cinéma d'aujourd'hui sont le fruit d'une longue évolution. Voici, parmi d'autres anecdotes, un court résumé des étapes qui on conduit à calibrer le niveau d'écoute dans les salles de cinéma, à 85 dB SPL.

En 1948, le Motion Picture Research Council, éditait une recommandation intitulée "Standard Electrical Characteristics for Theatre Sound Systems". 

La brochure indiquait les courbes de réponses pour diverses configurations et précisait déjà la puissance des amplis en fonction du nombre de spectateurs.

A New-York, dès 1952, on pouvait découvrir le son 6 pistes lors de la présentation du film "This is Cinerama".
Pour se démarquer de la télévision naissante, la plupart des grands films de 1953-54 possédait déjà 3 pistes, (et même 4 pour "La maison de cire" en Avril 1953). A cette époque, les pistes audio étaient couchées sur un film magnétique séparé, synchronisé avec l’image, s’inspirant des premières expériences de Walt Disney (Fantasia, dessin animé en couleurs, 3 pistes, en 1939).
La véritable révolution eut lieu en 1954 quand la 20th Century Fox sorti « The robe » en Cinemascope 2.55:1 avec 4 pistes magnétiques sur la même pellicule 35mm (3 façade + 1 surround), aussitôt suivie par Todd-AO en 1955 avec "Oklahoma" en 70mm et 6 pistes magnétiques (5 pistes en façade + 1 surround). Rapidement, d’autres films en 6 pistes 70mm suivirent, tous offrant une plage dynamique et des performances bien supérieures à la traditionnelle piste optique.

Mais la duplication en 70mm coûtait cher et la plupart des copies était produite en 35mm avec une piste optique mono. En 1971, Dolby fit sensation avec son système de réduction de bruit pour le cinéma avec le film "Orange mécanique".
Il fallut attendre 1976 pour assister à la naissance du Dolby Stereo sur 6 pistes magnétiques en 70mm avec " Logan’s run" (L'âge de Cristal). Les performances en termes de dynamique et de bande passante étaient sans précédent. Le niveau d'écoute grimpait à chaque innovation. C’est à cette époque que l’on commença à régler l’écoute autour de 85 décibels, qui semblait représenter un compromis confortable.

En même temps, les progrès réalisés sur les pistes optiques rendaient le procédé Dolby accessible à la pellicule 35mm, permettant de calibrer l’écoute à 85dB tout en gardant une réserve dynamique de 6dB. 

En 1983, Tomlinson Holman (inventeur de la charte THX), fut invité par l’AES à faire une démonstration des techniques utilisées pour la bande son du film Starwars (1977) devant plus de1000 professionnels au Ziegfield Theater à New-York. Pour l’évènement, les ingénieurs de Dolby avaient peaufiné durant 2 jours, la calibration du système de diffusion avec une référence à 85dB SPL.

A la fin de la séance, Holman a demandé : "Qui parmi vous a trouvé le son trop fort ?" 4 personnes ont levé la main. "Qui a trouvé le son pas assez fort ?" Personne n’a bougé. « Qui a trouvé le niveau correct ?" Toute la salle a levé la main.

Depuis cette démonstration, de nombreux essais, menés dans divers pays ont confirmé ce niveau comme étant optimal pour le cinéma.

A la fin des années 80, l’arrivée du système Dolby SR ajouta 3dB de dynamique supplémentaire. Enfin, en 1993 le premier format numérique autorisa 18dB de réserve au dessus du niveau de référence de 85dB.

En l’absence de réglementation, les producteurs commencèrent à utiliser cette réserve de dynamique pour augmenter le niveau global, au lieu de la garder pour les effets sonores.

La norme américaine SMPTE RP200, publiée en 1999 et modifiée en 2002, confirme le niveau d'écoute à 85dB SPL (Sound pressure Level), pondération C, mesure lente. En fait, elle n’a fait qu’entériner une pratique déjà établie depuis longtemps. Elle s’appuie sur les formats numériques et reprend pour l’essentiel, les recommandations Dolby. 

Le niveau de référence est fixé à -20dB FS, c'est-à-dire 20dB en dessous le la limite physique du convertisseur. Avec une source analogique, ce niveau équivaut à 1,228V, soit +4dBu ou 0dB VU ou encore -9dBu sur un crête mètre DIN 45406 (tout ça, c’est la même chose).

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